Stratégies de marque : les nouvelles attentes écoresponsables des consommateurs
Quand les stratégies de marque reflètent la société actuelle
Introduction
Salut à tous, nous voici de retour avec un nouvel article pour lequel nous avons souhaité prendre de la hauteur. Nous traitons sur notre blog de nombreux sujets qui nous passionnent et nous concernent. Cependant, dans un but de vous apporter toujours plus d’information, cet article traite de stratégies de marque au sens global du terme.
En effet, pour mettre en place des communications efficaces, les marques se doivent aujourd’hui de comprendre de manière globale la société qui les entoure. En tant qu’agence de communication à Lyon, nous nous devons de mener une veille permanente pour accompagner les marques dans ce monde en pleine mutation. C’est pourquoi une stratégie de marque doit se positionner en amont de toute stratégie de communication.
Cet article vient en complément de deux écrits rédigés par nos soins sur le marketing responsable et la communication responsable. Si l’écoresponsabilité des marques est un sujet qui vous intéresse, nous vous invitons à lire ces différents articles pour une connaissance plus vaste du marché.
AU SOMMAIRE
Créer du sens : la clé pour engager une croissance durable
- Les nouvelles préoccupations des Français vis à vis des stratégies de marque
- L’émergence de l’entreprise contributing
- La digitalisation de la société ne laisse plus le droit à l’erreur
Différencier ses stratégies de marque sur un marché qui se veut de plus en plus « woke »
- Le woke marketing : une stratégie risquée mais payante
- Des exemples de stratégies de marque inspirantes
- Nike « For once, don’t do it »
- Gilette « We Believe : The best men can get »
- Renault Clio » 30 Years in the making »
- Gucci « Pre-Fall 2020 »
Vous êtes à la recherche d’une agence spécialisée dans les stratégies de marque ?
Vous n’avez pas le temps de lire tout ça, alors contactez-nous directement.
Voilà donc le but et le sens de cet article, qui vous amène quelques pistes de réflexion en amont de notre travail d’agence.
Dans quel contexte socio-écopolitique les entreprises évoluent-elles ?
Quelles stratégies de marque mettent-elles en place pour répondre aux nouvelles préoccupations des Français ?
Quelles sont les opportunités de communication mais également les risques ?
Nous vous souhaitons donc une bonne lecture, et n’hésitez pas à nous faire vos commentaires. Si d’autres sujets autour de la communication vous intéresse, venez faire un tour sur notre blog 😉
LA CRISE DU COVID : L’OCCASION DE SE RENOUVELER
Cette année 2020 a majoritairement été rythmée par la crise de la Covid-19. Par conséquent, notre société a évolué mais les attentes des Français sont, elles, immuables depuis 2020. Et ce malgré la crise. C’est le constat que fait le fondateur de The Good Company, Luc Wise :
“EN REALITE, LES PREOCCUPATIONS DES FRANÇAIS SONT EXACTEMENT LES MEMES QUE CELLES AVANT LA CRISE DU COVID-19. SAUF QU’ELLES SONT DESORMAIS POSEES AVEC BEAUCOUP PLUS D’ACUITE ET D’URGENCE. LE MONDE D’APRES NE DOIT PAS ETRE LES ESPERANCES DEÇUES DU MONDE D’AVANT. ”
Ainsi, les entreprises n’ont plus qu’un simple rôle commercial. Leurs stratégies de marque vont bien au-delà. Nous vivons aujourd’hui dans une société où la tolérance, la diversité, les enjeux sociaux et écologiques sont de plus en plus mis au-devant de la scène. C’est pourquoi les marques doivent devenir des entreprises à missions, qui portent des combats et des valeurs.
D’ordinaire, les tendances progressent lentement. On détecte d’abord un signal faible, qui va se transformer en tendance, qui arrive à maturité, puis qui va se dessiner en tendance courte ou longue… Cette année a littéralement fait exploser ce rythme, pour laisser place à des changements conséquents et beaucoup plus rapides.
Une année de réinvention
On a fait beaucoup plus vite avec ce qu’on avait, c’est un fait. Du vieux restaurant qui n’avait jamais fait de vente à emporter et qui s’y est mis… Aux voisins qui ne s’étaient jamais parlés mais qui ont monté des réseaux d’entraides… Cette année a été une année de réinvention pour nombre d’entre nous. Et pour nombre d’entreprises, une occasion de se renouveler. Une année de prise de conscience, qui a permis un « reset ». Cette expression, employée au World Economic Forum, dit qu’il faut « améliorer l’état du monde ».
REPENSER SES MODELES ECONOMIQUES
Depuis la crise, une problématique persiste. Il s’agit de réconcilier enjeux écologiques et performance économique. Mais est-ce encore possible ? Nous pouvons aujourd’hui affirmer que oui. Et c’est même ce à quoi les entreprises travaillent de plus en plus. Un phénomène accéléré, bien sûr, par la crise.
En effet, beaucoup d’entre elles sont sorties de leur zone de confort pour tenter de créer de nouveaux modèles. Mais surtout répondre à des consommateurs en attente de marques responsables.
C’est à dire des entreprises qui proposent une offre plus verte, plus locale, plus juste et qui prennent des engagements. Mais ces engagements et ces nouveaux modèles doivent être réfléchis et décidés dès maintenant. Car en effet, avec 69% des français qui craignent une crise économique, tout pourrait très vite basculer.
Globalement, nous pouvons donc parler d’une nouvelle tendance, intitulée « business limité ». Cette dernière signifie cette capacité à construire de nouveaux modèles, à réconcilier comportements d’achats vers des prix bas. Mais aussi à assumer une part de responsabilité. Cependant, pour réussir le challenge du business limité, il faut faire des choix marqués et marquants.
STRATEGIES DE MARQUE & GOODVERTISING
De plus, la crise a appuyé une autre tendance : la méfiance des consommateurs face au Goodvertising.
Aujourd’hui, les entreprises et les marques peuvent s’engager sur différents sujets : la qualité des conditions de travail, le pouvoir d’achat, la lutte contre le dérèglement climatique…Ou encore la lutte contre la pollution, la création d’emplois, les problématiques d’inclusion et diversité… Cependant, faute est de constater que les stratégies de marque, les campagnes et les messages publicitaires se ressemblent tous et manquent de diversité.
Ainsi, il est parfois difficile de distinguer le véritable engagement de la part de l’entreprise et leur stratégie de « goodwashing ». Et les consommateurs sont les premiers à vouloir du changement !
En effet, d’après une étude d’opinion menée par l’institut de sondage Viavoice auprès de 1000 Français(es) :
souhaitent que la communication des marques changent après la période que nous avons traversée.
affirment qu’une communication « for good », valorisant la RSE de l’entreprise sera à privilégier.
pensent que cette communication des entreprises ou des marques « for good » ne correspond pas à la réalité.
Cela représente 17% de plus qu’avant la crise.
Ainsi, nous pouvons affirmer, qu’aujourd’hui, ce sont les entreprises qui se comporteront de manière éthique et responsable qui réussiront le mieux économiquement demain. Il s’agit d’inventer de nouveaux modèles et de prendre des engagements sur l’avenir. Pour réconcilier performance économique et enjeux écologiques, et opérer un « rééquilibrage de la valeur ».
LE SAVIEZ-VOUS ?
Globalement pour l’avenir, la communication des entreprises et des marques « for good » devra surtout privilégier : pour la promotion de producteurs locaux et de circuits courts (42%), la production française, le « made in France » (45%) et une consommation plus respectueuse de la planète (40%).
Source : La Réclame
Pour suivre ces évolutions, les entreprises aujourd’hui n’ont plus d’autre choix que d’accompagner ces changements ; voire de les devancer. La fonction première d’une entreprise est de répondre aux besoins des consommateurs sur un marché donné. Et ces derniers réclament de nouveaux besoins, applicables à tous les secteurs. Notamment le besoin de plus d’éthique, de responsabilité de la part des entreprises, de transparence mais surtout d’engagement.
Plus encore, 81% pensent que les États ont aujourd’hui plus que jamais besoin des entreprises pour les aider à transformer la société. De plus, 33% pensent « que c’est une bonne chose que les entreprises parlent de politique. »
Ainsi, ces chiffres soulignent et montre l’importance de la responsabilité des entreprises. Mais surtout du rôle qu’elles ont à assumer dans le combat politique et les causes sociétales aux yeux des consommateurs.
Mais parler de politique et agir en conséquence, ça veut dire quoi au juste pour une marque ?
Et bien, c’est là tout le rôle de l’entreprise de demain : l’entreprise contributive. On parle ici d’entreprises qui doivent être capables, de représenter le réel et d’assurer la plus grande fidélité au quotidien de leurs consommateurs. Et ce, au travers de leurs stratégies de marque, leurs discours, leurs campagnes et des actions qui en découlent.
UNE ENTREPRISE ECONOMIQUE & CITOYENNE
L’entreprise contributive, c’est aussi celle qui est très impliquée dans la vie en société. En plus du fait de s’assurer une stabilité économique, il faut aussi qu’elle se montre citoyenne.
Prenons l’exemple de la promotion de la diversité et de l’inclusion comme un symbole de progrès social. Alors, la communication et le marketing, en ce sens, permettent à une entreprise de se rendre actrice de ce changement.
Plus encore, les entreprises doivent aujourd’hui avoir cette capacité à réagir rapidement face à une situation sociétale donnée.
C’est pourquoi des marques comme Décathlon, LVMH, Yves Rocher, Inditex, Renault, PSA … ont su répondre présentes au moment de la crise du Covid-19. En effet, ces dernières ont su se lancer dans la production de masques, de gel ou de respirateurs artificiels, alors que ce n’était absolument pas le cœur de leur activité. Ainsi, elles ont su s’impliquer quand il le fallait, pour tenter de résoudre un problème de société.
LE SAVIEZ-VOUS ?
60% des Français pensent que « les entreprises ont aujourd’hui un rôle plus important que les gouvernements dans la création d’un avenir meilleur » ?
80% des Français pensent que la société ne va pas dans le bon sens et 89% aspirent à ce que celle-ci se transforme profondément.
80% des français pensent que sont les entreprises qui se comporteront de manière éthique et responsable qui réussiront le mieux économiquement demain.
Source : L’Observatoire des marques dans la cité, par Havas Paris et CSA.
UNE ENTREPRISE QUI SE DOIT D’ETRE UNIVERSELLE
91% des Français sont également convaincus que les inégalités se creusent fortement dans la société. Et 77% d’entre eux sont ainsi prêts à s’engager personnellement pour que les choses changent.
Ainsi, avec des consommateurs de plus en plus avertis et à la recherche de sens, l’engagement des marques dans leur production, leur marketing et leur communication pourrait constituer en une forme de réponse universelle, capable de rassembler les gens. La publicité se serait faite, avec le temps, militante pour permettre à l’entreprise d’acquérir une dimension universelle.
Universelle, parce que oui, l’entreprise contributing peut et doit s’engager sur une ou des causes bien précises. Mais paradoxalement, elle doit aussi être capable de s’adresser et d’inclure tout le monde.
Pourquoi ? Et bien, parce que les marques portent derrière elles des communautés. Et parmi ces communautés, se trouvent non seulement des personnes, des minorités qui ne demandent qu’à être représentées. Mais aussi des personnes qui se tournent de plus en plus vers des entreprises responsables qui portent une dimension écologique et une économie plus verte.
Si les marques ont pour devoir de répondre aux besoins de leurs cibles, alors il s’agit d’un point à ne plus négliger.
Quand les marques s’engagent sur des causes qui ne constituent pas le cœur même de leur activité, il faut manier la question avec justesse. Et si un bad buzz a toujours été compliqué à gérer, c’est plus que jamais le cas en 2021.
L’AMBIVALENCE DES RESEAUX SOCIAUX
Le digital et plus particulièrement les réseaux sociaux offrent une instantanéité jusqu’ici jamais égalée. C’est là l’ambivalence des réseaux sociaux.
D’une part, cela permet d’offrir un fort rayonnement aux stratégies de marque. Ainsi, les entreprises ont plus de facilité à faire passer un message et à le pousser au plus grand nombre, plus loin, plus fort. C’est donc aussi un excellent moyen pour communiquer sur ses engagements et les faire connaître parfois au-delà de ce qu’une marque pourrait espérer.
De plus, c’est un excellent canal pour faire évoluer les mœurs et se rapprocher des consommateurs… L’aspect participatif des réseaux sociaux est aussi le moyen idéal pour savoir de quoi les internautes ont besoin, quelles sont leurs préoccupations et leurs aspirations : pour ça, le social listening est une mine d’or.
Mais d’autre part, les réseaux sociaux, de par leur viralité, peuvent très vite offrir la possibilité pour les consommateurs d’accabler une entreprise. En permettant à chacun d’exprimer ses idées, ses convictions et ses opinions, on trouve aussi la possibilité de dénoncer certains comportements de marque.
Exemple avec le cas Oréal. En bannissant les termes « clair » ou « blanchissant » dans le descriptif de certains de ses produits, l’entreprise s’est vue en quelques heures attaquée « d’opportuniste » au travers de posts comportant les hashtags #JarreteLoreal ou #BoycottLoreal. Cela a même conduit à secouer le cours de la bourse.
PAS DE DROIT A L’ERREUR
Ce type de phénomène, que l’on peut qualifier de “bad buzz”, s’applique alors à tous les domaines, bien que ce soit les plus grandes entreprises qui en pâtissent le plus. Notamment de par leur puissance, leur place dans la société et la grandeur de leur communauté.
Avec l’avènement du digital, le risque pour ces marques est sans conteste d’être soumises à un jugement permanent qui ne concerne plus la qualité ou le prix de leurs produits mais qui s’étend aussi à leurs engagements et à leurs actions.
Si ces bad buzz éclatent, c’est aussi parce que s’engager est devenu un pré-requis. Ce n’est plus un axe de différenciation. Alors forcément, dès lors que quelque chose peut choquer ou affecter une partie de la communauté de marque, le clash est inévitable. Dans les faits, une entreprise aujourd’hui ne peut plus, ou difficilement, ne porter aucun engagement dans ses stratégies de marque. Ou pire, elle ne doit aller à l’encontre de certains mouvements de société, considérés comme bons pour le progrès, au risque de se mettre toute une partie de la population à dos.
LE SAVIEZ-VOUS ?
36% des consommateurs se sont dits déçus par une entreprise qui n’a pas respecté leurs valeurs. 47% ont par la suite cessé d’acheter ses produits.
Source : étude Global Consumer Pulse Research d’Accenture (sur environ 35 pays)
Le nombre de bad buzz recensés sur internet dans le monde a augmenté de manière cruciale entre 2004 et 2018. Le nombre de “crises numériques” aurait considérablement augmenté avec l’ascension des réseaux sociaux en 2011 et aisément dépassé les 100 bad buzz par an à partir de 2014.
Source : Statista
Redonner confiance via la transparence
Partant de ce principe, les entreprises ont aujourd’hui tout intérêt à faire preuve de la plus grande transparence auprès de leur communauté en ligne. La digitalisation de la société et du parcours client ne permet plus aux marques de tromper le consommateur. Ou bien sinon les conséquences pourraient être particulièrement nuisibles. De la conception d’un produit ou d’un service, à sa production, sa composition en passant par son marketing et sa communication, l’ensemble de la chaîne doit être aligné avec les valeurs communiquées.
Ainsi, les « love brands » de demain seront désirables pour leur utilité, leur contribution au bien commun voire leurs capacités à réparer.
Une chose est sûre, on observe un vrai retour de la confiance dans la capacité des entreprises à résoudre des problèmes de société. On remarque aussi une volonté, à la fois des consommateurs ET des marques, de se réapproprier les questions politiques, environnementales, et de justice.
De quoi réinventer le design, la communication et le marketing de demain, vers un aspect plus responsable.
en : Woke
fr : Eveillé Issu de l’argot afro-américain signifiant « être éveillé ». La chanteuse Erykah Bady est à l’origine de cette expression, avec notamment sa chanson « Master Teacher ( I stay woke) » et sa phrase « Stay Woke » énoncée dans un message de public de soutient au Pussy Riot (Groupe de rock féministe russe dissident.)
LES STRATEGIES DE MARQUES DEVIENNENT POLITISEES
A l’heure de la montée des théories post-modernes, les marques soucieuses de leur image et de leur environnement cherchent de plus à plus à s’engager et adopter les codes du « woke » dans leurs stratégies de marque.
Véhiculer un simple message commercial ne suffit plus. Les entreprises se doivent d’avoir un discours sincère et authentique. Mais surtout de le démontrer par leurs actions. Du marketing traditionnel, elles se dirigent désormais vers un marketing « activiste » et « woke ». Nous sommes tous conscients à notre échelle des injustices sociétales telles que le racisme, le sexisme et le patriarcat ou encore les causes environnementales…Les marques, elles, s’expriment donc à travers des actions innovantes, alignées et surtout porteuses de valeurs. Cela leur permet de jouer un rôle majeur dans notre société : celui d’acteur politique.
Des prises de paroles politisées
En 2019, le magazine américain Time déclarait déjà : « Les entreprises ne peuvent plus passer à côté de la politique ».
En 2021, l’engagement est devenu un prérequis, mais aussi un gage de compétitivité. A l’heure des mouvements tels que Black Lives Matter, Metoo, Greta Thunberg, LGBT…les prises de paroles couvrent toutes les sphères, quitte à franchir les lignes du militantisme. Malgré la tendance de ce nouveau modèle, ces actions ne sont pas nouvelles. Des marques comme Veja par exemple n’ont pas attendu pour militer pour le respect de l’environnement. Tout comme Gilette ou Nike qui n’ont pas attendu le mouvement Georges Floyd pour s’engager contre les stéréotypes dans leurs publicités.
Ce nouveau phénomène woke s’inscrit dans la continuité des exigences et attentes des citoyens-consommateurs. L’idée qu’une marque puisse gagner de l’argent tout en s’engageant à travers des valeurs et comportements responsables, gagne du terrain. C’est donc une composante désormais essentielle que la marque doit intégrer dans son discours et ses stratégies de marque.
ATTENTION AU « WOKE WASHING » !
Trop de marques ont voulu surfer sur cette vague, jusqu’à se brûler les doigts et faire face à des nombreux bad buzz. Une stratégie de woke marketing doit être bien établie, discrète et sincère. Et surtout dans la continuité des valeurs de l’entreprise. Il est donc primordial de lier les gestes à la parole. Mais au risque de perdre toute crédibilité aux yeux de tous. Une stratégie risquée donc mais payante donc pour celles qui ont su et portent au quotidien fidèlement leurs messages.
En résumé, une marque “woke”, c’est une marque qui ose prendre un parti pris ! Il ne s’agit pas forcément d’agir mais d’être conscient des “discriminations structurelles” et de les défendre. Un terme utilisé il y a déjà de nombreuses années par Martin Luther King alors qu’il appelait à rester “éveillé face à la grande révolution”. Olivier Creusy, directeur du programme Marque et Management de l’Innovation à l’Iscom précise :
« Il existe un véritable souci de faire des publicités plus représentatives […] du réel. Les marques observent ce qui se passe, elles sont plus à l’écoute des critiques comme des retours positifs et elles prennent des engagements »
NIKE ET SON ENGAGEMENT CONTRE LA DISCRIMINATION RACIALE “FOR ONCE, DON’T DO IT”
Dans cette campagne, Nike détourne son slogan “Just Do It” en “For Once, Don’t Do It”. Il complète ce dernier par : “Don’t pretend there’s not a problem in America … Don’t turn your back on racism.” En faisant cela, Nike souhaite prôner l’action et encourager le monde entier à réagir, prendre position contre le racisme.
Cette stratégie de marque apparait dans un contexte tendu aux Etats Unis (mort de George Floyd /nombreux mouvements de soutien et de lutte contre la haine). La marque a donc publié une vidéo simple sur fond noir où nous percevons uniquement du texte en blanc. Avec beaucoup de sobriété et d’humilité, elle souhaite aller droit au but et capter l’attention du lecteur dès le début de la campagne.
Données clés :
Cette campagne est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux et dans le monde entier. En effet, dès le lendemain de la publication, la vidéo a été visionnée par 2 millions de personnes et été retweetée plus de 35 000 fois
Définie comme étant puissante et riche de sens, cette vidéo incite les internautes à devenir des acteurs contre le racisme et à changer le monde. Le message transmis ici est en total harmonie avec les valeurs morales des consommateurs. Cela renforce ainsi le lien émotionnel entre la marque et ses clients et joue ainsi un rôle majeur dans la fidélité du consommateur. Mais aussi elle montre sa capacité à générer de la valeur ajoutée sur le long terme.
« Pour une fois, ne le faites pas, ne prétendez pas qu’il n’y a pas de problème en Amérique, ne tournez pas le dos au racisme. N’acceptez pas que des vies innocentes soient enlevées, ne faites plus d’excuses. Ne pensez pas que cela ne vous affecte pas ; ne restez pas immobile et silencieux. Et ne pensez pas que vous ne pouvez pas participer au changement. Faisons tous partis du changement. »
Nike – “For Once, Don’t Do It”.
GILETTE, SYMBOLE DU MOUVEMENT METOO : WE BELIEVE : THE BEST MEN CAN BE
Dans cette campagne, qui soutient le mouvement #MeToo, Gillette appelle les hommes à faire mieux et à en finir avec le harcèlement et la « masculinité toxique ». Fille sifflée dans la rue, secrétaire touchée par son boss, garçon attaqué car il est trop sensible, comédie lourdingue… Le clip passe en revue des situations “ordinaires”, justifiées d’un haussement d’épaules par le classique refrain « boys will be boys » (« les hommes seront toujours des hommes »). Le tout est servi avec une petite dose d’humour et aussi de moralisation.
Le slogan de la marque est détourné au travers d’une question : « Is this the best a man can get ? ». Ce dernier détourne en fait le slogan de Gillette : « The best a man can get », traduit en français par « La perfection au masculin ». Cette campagne, impactante, a largement fait parler d’elle et a été visionnée près d’un million de fois en 24 heures sur YouTube.
Données clés :
- #1 en top tweet sur twitter
- Plus de 15 milliards d’impressions avec seulement 5h de paid media
- 3ème recherche Google aux Etats-Unis
- + de 110 millions de vues au niveau mondial
- 77% des millenials et de la génération Z ont eu un ressenti positif vis à vis de la campagne
- 65% des internautes ont indiqué qu’ils seraient davantage prêts à acheter un produit Gillette.
« La discussion est importante et en tant que société qui encourage les hommes à être au top, nous nous sentions obligés d’en parler et d’agir. Nous avons regardé, de manière réaliste, ce qui se passe aujourd’hui et avons pour objectif d’inspirer des changements dans nos stratégies de marque »
Pankaj Bhalla, brand directeur de Gillette
RENAULT CLIO, SOUTIEN A L’HOMOPARENTALITE AVEC SA CAMPAGNE 30 YEARS IN THE MAKING.
Dans cette campagne, Renault met en scène un couple de jeunes femmes pour célébrer les 30 ans de son modèle Clio. La marque souhaite ici briser les codes. En effet, généralement, dans ce « type de campagne », nous avons l’habitude de voir des couples hétérosexuels. Renault a voulu prendre le contre-pied de cela et mettre en avant l’homoparentalité. Si durant plusieurs années ce ne fut pas (ou beaucoup moins) le cas, nous voyons qu’aujourd’hui de nombreuses marques ont compris l’importance de la diversité et son impact sur les consommateurs, ce qui les incite à se joindre au mouvement.
Les réactions positives pour ce spot ont été nombreuses et ce dans divers pays, bien que le spot n’ait été diffusé qu’au Royaume-Uni. La raison est simple : le film « banalise les couples de femmes et l’homoparentalité ».
Il s’agit pour la marque de représenter la réalité. Et l’homosexualité tout comme l’homoparentalité en font partie, de plus en plus. Saluée pour son côté particulièrement « émouvant » et « touchant », Renault a su, avec ce film, parler à tout le monde, en allant chercher plus loin que ses clients.
“Nous voulions humaniser et célébrer, non seulement les trente années de progrès de la Renault Clio, mais également les progrès réalisés dans la culture et la société à l’heure actuelle. La Renault Clio est en phase avec son époque, comme elle l’a toujours été”
Adam Wood, directeur marketing de chez Renault
GUCCI S’ENGAGE A LA PRESERVATION DES ESPECES MENACEES.
En 2020, Gucci a dévoilé une nouvelle campagne intitulée “Pre-Fall 2020″, engagée pour la préservation des espèces menacées. Cette dernière, expressive et vibrante, au décor enchanté a permis à la marque de mettre en avant un véritable engagement pour la nature. Et plus précisément en faveur de la cause animale.
Chevreuils, faons, hiboux, oiseaux bleus, mouffettes, écureuils … Tous sont mis à l’honneur à travers les images qui représentent des animaux spirituels dialoguant avec les sujets à la manière des allégories et des dessins animés classiques. Balançoires et toboggans ajoutent une note insouciante à ce décor.
Solidaire de la cause animale, la maison Gucci a rejoint, en parallèle, le projet “Lion’s share Fund” en février 2020. Cette initiative vise à recueillir des fonds pour faire face aux enjeux environnementaux (nature, biodiversité, climat) dans le monde entier. Gucci soutient ce projet et s’engage à reverser 0,5% de ses dépenses médias lors d’une apparition d’un animal dans l’une de ses publicités.
« La nature et la vie sauvage fournissent à Gucci une création inspirée qui fait partie intégrante de notre récit à travers nos collections et nos campagnes. Avec les menaces croissantes qui pèsent sur la biodiversité de la planète, des initiatives révolutionnaires comme le Lion’s Share Fund ont le potentiel de transformer les choses en reliant de façon organique le monde des affaires à des actions directes visant à protéger nos habitats naturels et les espèces les plus menacées. »
Marco Bizzarri – Président et directeur général de Gucci.
CONCLUSION
Les marques et les entreprises qui s’emparent de questions politiques et choisissent de porter une responsabilité environnementale sont donc de plus en plus nombreuses. Il ne s’agit plus d’un argument de différenciation, c’est un pré-requis. Mais les engagements ne doivent plus se prendre en bout de chaîne. Cela ne doit plus être le seul travail du marketing et de la communication. Si le marketing responsable ne suffit plus, le design responsable est quant à lui en plein développement ; et c’est vers ce modèle là que l’on tend pour demain.
En résumé, nous pourrions dire qu’il existe différents moyens de s’engager à travers des stratégies de marques pertinentes et à l’air du temps :
- Nourrir sa marque en préemptant un ton plus militant dans sa communication ou en s’appropriant les sujets de société qui font l’actualité
- Émerger sur son marché avec un positionnement “politique”
- Porter un point de vue unique dans le débat public, pour défendre les valeurs auxquelles elles croient
- Mener des combats de société spécifiques et puissants, en menant des combats de société hier préemptés par les institutions et en y consacrant des moyens financiers importants